Coopération avec le Monténegro – Webinaire sur la gestion des scolytes

Initialement déclenchée en régions Grand Est et Bourgogne-Franche-Comté en 2018, l’épidémie de scolytes s’étend désormais sur la quasi-totalité des forêts d’épicéas de la moitié nord de la France et s’est également étendue en Europe. Causée par des petits insectes naturellement présents dans nos écosystèmes, cette crise est notamment intensifiée par les printemps et étés exceptionnellement chauds et secs depuis 2018, entrainant une prolifération de scolytes dans les forêts d’épicéas. Les mortalités d’épicéas qui en résultent modifient l’aspect des forêts et entrainent des changements fonctionnels au sein des écosystèmes.

Le Monténégro est confronté depuis 2020 à des mortalités d’épicéas dues aux scolytes, notamment dans des aires protégées comme le parc national de Prokletije (des Montagnes Maudites). La coupe des arbres étant considérées comme un ultime recours dans ces aires protégées, d’autres stratégies de gestion sont en réflexion par l’Agence de protection de l’environnement du Monténégro, qui s’est tourné vers les réseaux de gestionnaires d’aires protégées françaises, avec l’appui de l’Ambassade de France, pour bénéficier d’un partage d’expertise et d’expérience sur le sujet.

La Réserve naturelle nationale du de la Haute Chaîne du Jura (Laurent Lathuillière, Daphné Schloesser et Johan Rosset), le laboratoire forestier du Grand site de France de Bibracte (Jean Cacot), le DSF Bourgogne Franche-Comté (Mathieu Mirabel) et le laboratoire d’inventaire forestier de l’IGN – ENSG (Nikola Besic) ont ainsi pu présenter les différentes stratégies déployées au sein de leurs territoires respectifs

L’impact économique, écologique et sociétal des coupes sanitaires dans les aires protégées a été discutée, ainsi que le choix de ne pas intervenir qui est fait dans certaines forêts françaises, et qui invite à se pencher sur les causes de cette crise plutôt que sur le scolyte lui-même. Un retour d’expérience sur l’utilisation de pièges à phéromones a été partagé, concluant à l’utilité de ces pièges mais surtout pour suivre l’essaimage des scolytes et ainsi cibler les périodes où la détection des attaques et l’exploitation des bois scolytés doivent être menées. Des méthodes de suivi des mortalités utilisant la télédétection ont également pu être partagées avec le Monténégro.

Plus globalement, la crise scolytes a interrogé les participants de ce webinaire sur l’avenir souhaité de nos forêts dans les aires protégées. Comment pouvons-nous agir pour les rendre plus résilientes aux changements globaux, renforcer leur fonctionnalité, préserver les microclimats forestiers, accepter d’avoir plus de vieux bois et de bois mort en forêt, etc. ? Toutes ces questions impliquent un changement de paradigme important dans les pratiques actuelles de la gestion forestière en France et au Monténégro, et nécessitent des réflexions communes et partagées avec l’ensemble des acteurs concernés.

Fort de ce premier partage d’expérience, le dialogue technique entre la France et le Monténégro se poursuivra en 2024.

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